1)
Azote moléculaire (N2), les 4/5 du gaz de l'atmosphère mais
chimiquement plus ou moins inerte à température ambiante,
réduit en ammoniac NH3 (en fait ammonium NH4+) par certaines
bactéries du sol, libres ou symbiotiques (voir fil sur le
trèfle).
2) Nitrate * (NO3-), la forme la plus oxydée de l'azote, source
principale pour les plantes, qui le transforme en ammoniac avant de
l'incorporer dans leurs synthèses. Les plantes ont besoin de
molybdène pour cette opération. Le nitrate est sans danger par
lui-même (norme acceptable dans l'eau de boisson : < 50 mg/l), mais
son inconvénient principal vient de sa transformation en nitrite,
notamment par les bactéries intestinales. Presque tous les nitrates sont
solubles dans l'eau et facilement lessivés.
3) Nitrite (NO2-), un produit toxique souvent formé à partir du
nitrate. Norme acceptable dans l'eau : < 0,1 mg/l). Plantes et
micro-organismes obligés de se dépatouiller avec du nitrite sont
programmés pour s'en débarrasser le plus vite possible. Pour cela
il leur faut absolument un peu de cuivre.
4) Autres oxydes d'azotes : NO, N20. Des gaz. Le premier est toxique comme le
nitrite, mais étant très réactif disparaît
très rapidement au point d'être peu détectable. Dans notre
corps, de petites quantités de NO (ou oxyde nitrique) est une
molécule messagère importante travaillant à la
façon d'une hormone, fabriquée à partie d'un acide
aminé (arginine), et situé à la clé de
réglages physiologiques importants.
5) Ammoniac NH3. Un gaz. Sous forme d'ammonium, forme des sels solubles. C'est
sous cette forme que l'azote entre dans la matière organique cellulaire,
pour former des acides aminés, des protéines, des acides
nucléiques, etc. Proportion d'azote dans les protéines : 16 %
environ). Les plantes peuvent assimiler un peu d'ammoniac. L'ammonium fait
partie de sels (NH4Cl, sulfate d'ammonium, etc), tend à libérer
NH3 en milieu basique. Une des principales portes d'entrée de l'azote
ammoniacal se fait au niveau d'un acide aminé : le glutamine. Les
plantes peuvent stocker l'azote excédentaire dans des réserves
(racines, graines, ...), par exemple dans l'asparagine.
Revenons au nitrate. Deux processus très importants dans la
biosphère.
1) La nitrification. En présence d'oxygène de l'air, des
bactéries du sol oxydent l'ammoniac en nitrate (par
l'intermédiaire d'hydroxylamine NH2OH et de nitrite). D'où
l'importance de l'aération des sols. L'ammoniac est formé en
abondance dans la destruction des matières organiques, le compost, la
décomposition de l'urée (purin), etc. La nitrification se fait
mal dans les sols acides ou trop alcalins. Par exemple elle traîne le pas
dans maints sols forestiers acides.
2) La dénitrification, pas tout à fait inverse de la
précédente. Elle s'effectue essentiellement quand il n'y a pas
d'oxygène (ou très peu). Dans les sédiments, les vases,
les sols non aérés, les étendues d'eau au-dessous de la
thermocline**. C'est un processus énergétique, une sorte de
respiration qui remplacerait l'oxygène par du nitrate. Traduisez :
un mécanisme utilisé par des bactéries pour se procurer de
l'énergie. Ce mécanisme libère essentiellement N2O (oxyde
nitreux) et N2. Le premier est un gaz à effet de serre (en augmentation
à la suite de la consommation mondiale des fertilisants). Ces deux gaz
sont caractéristiques de la dénitrification et des chercheurs
agronomes se sont servis du premier pour mesurer la dénitrification des
sols. La dénitrification a besoin d'au moins trois
oligo-éléments essentiels : molybdène, fer, cuivre.
Voilà, le plus succinctement possible. Je prie ceux pour lesquelles ces
questions seraient triviales de m'excuser. Amicalement
__________________
* Les chimistes ont coutume de désigner de nombreux produits
présents en milieu neutre par leur anion (ion négatif). Le
nitrate est combiné dans l'acide nitrique (très acide !),
libéré dans l'eau à partir des sels tels que NaNO3, KNO3,
etc.
** En été et en eau calme, la surface d'un lac ou d'un
étang assez profond est plus chaude et un peu moins dense que les
couches profondes. Il s'établit une sorte de séparation
appelée thermocline (vers 10-20 m au-dessous de la surface dans le Lac
du Bourget) entre une zone oxygénée surmontant une zone
privée d'oxygène, plus riche en sulfures, plus acide, et
favorisant au-dessous la formation de méthane. La dénitrification
peut avoir lieu dans cette zone. C'est un phénomène important
pour la biologie des eaux. Ce phénomène alterne avec un brassage
en saison froide, qui permet une remontée vers la surface
d'éléments chimiques profonds et de matière organique
sédimentée. Les anglophones appellent cela le "up-welling", pour
well = puits. Bon, j'espère que je n'ai pas dit de bêtise. :-)
En
présence de l'oxygène de l'air, la destruction de la
matière organique est beaucoup plus complète, il se forme
davantage de gaz carbonique, d'eau. Egalement l'oxygène est beaucoup
plus favorable à l'activité des champignons et levures, ainsi que
des protozoaires. Une grande partie du carbone est perdue en CO2. Le soufre est
oxydé en sulfate.
En absence d'oxygène, ou en oxygène limité, les
fermentations conduisent généralement à des oxydations
incomplètes formant des acides gras à courte chaîne (acide
butyrique par exemple), de l'acide acétique, de l'acide lactique, des
alcools, des acides cétoniques (excusez ces précisions
chimiques). Il y a aussi du gaz carbonique, de l'hydrogène (H2), de
l'hydrogène sulfuré (H2S), des mercaptans (contenant du soufre),
des composés azotés malodorants (CH3-NH2 ou méthylamine
à partir du poisson pourri), etc. Beaucoup de produits formés
ainsi ont une forte odeur désagréable pour l'homme. Il est
probable que ce côté désagréable est inscrit en nous
au départ sous forme d'instinct, car l'odeur agit comme signal qu'un
aliment est avarié (c'est une interprétation,
évidemment).
Lorsque l'oxygène est complètement absent, le milieu est propice
à la formation du méthane (CH4), inodore. Les bactéries
qui font du méthane sont éliminées par l'oxygène.
En principe cela ne devrait pas se produire dans un compost correctement
aéré (mais il doit s'en former tout de même un petit peu).
La formation de méthane est un phénomène énorme sur
le plan mondial *, dans les marais, les rizières, les toundras, les
décharges. Aussi dans le tube digestif des ruminants. Le méthane
a un effet de serre beaucoup plus intense que le gaz carbonique (au moins 20
fois) à niveau égal, sa teneur actuelle dans l'atmosphère
est de 1,7 ppm, et monte régulièrement. La suppression des
décharges fait partie du plan de lutte contre l'effet de serre. La
méthanisation des ordures et du fumier est un procédé
utilisé pour faire du gaz combustible comparable au "gaz naturel" qui
est une source fossile.
Les plantes font beaucoup de substances difficiles à dégrader
complètement, parfois toxiques pour les micro-organismes. C'est pourquoi
on peut penser que le compostage doit être sélectif, comme il a
été évoqué parfois dans ce forum. Certains
végétaux sont assez rémanents ou même doivent
gêner le compostage (je n'ai pas beaucoup d'expérience sur ce
choix, malheureusement). Un des composés les plus coriaces est la
lignine, qui est transformée incomplètement en produits complexes
phénoliques, quinoniques, et qui s'incorporent à l'humus. Aussi
le liège des écorces. On peut comprendre qu'une grande partie du
carbone est perdue ou immobilisée dans le compost, ce qui n'est pas
essentiel pour les plantes puisqu'elles assimilent le CO2 de l'air. En fait le
compost apporte du soufre (sulfates), de l'azote (ammoniac et oxydes d'azote),
du phosphate, et tous les oligo-éléments nécessaires. Il
recharge l'humus, il aide les champignons et moisissures à se
développer dans le sol, ce qui est bénéfique indirectement
aux plantes puisqu'ils collaborent avec elles au niveau de la
rhizosphère.
Je pense aussi que le compost a l'intérêt d'exercer un effet
retard, c'est à dire de ne pas fournir d'un seul coup les
éléments minéraux nécessaires aux plantes, mais de
leur transmettre progressivement et d'éviter leur lessivage brutal.
Enfin c'est une idée. L'expérimentation scientifique devrait le
prouver. Malheureusement le compost est une mixture mal définie
infiniment variable en fonction des déchets qui en sont la source, et
les scientifiques ont horreur des conditions où on ne peut pas
contrôler exactement tous les paramètres. Reste l'empirisme, et
pour le jardinier on dirait que c'est cela qui marche encore le mieux.
___________________
* Il y en a des quantités colossales au fond des océans, sous
forme d'hydrate de méthane stable à haute pression. Une manne
qu'on cherchera un jour à récupérer quand les puits de
pétrole seront à sec, mais pas tout de suite.
Jean pelmont
Les
oligo-éléments comme Mo (molybdène) n'ont besoin
d'être présents qu'à l'état de traces infimes. Les
plantes ont besoin aussi de B, Se, Mg, K, Ca, Mn, Fe, Cu, Co, Zn (en ai-je
oublié ?). Ils ont un rôle catalytique. Il y a largement assez de
molybdène dans le sol ou comme impureté dans les fertilisants
pour que les plantes de nos jardins y trouvent leur compte.
Expérimentalement, c'est même parfois difficile de mettre en
évidence leur rôle nécessaire, à cause de leur
présence dans les produits commerciaux même réputés
très purs. Dans le passé, j'avais tenté des cultures sur
une bactérie en essayant de la carencer en fer. J'ai eu toutes les
peines du monde pour y arriver, et je devais traiter le milieu par une
résine complexante puissante (ou séquestrante) pour retirer le
fer. Et mes bactéries émettaient une substance capable de
ratisser les traces de fer avec une efficacité tenant du miracle
(évidemment elles faisaient tout ce qu'elles pouvaient pour me contrer).
Quant à Mo, un récipient en acier Inox en libère assez
pour les besoins biologiques courants !
Mo est utilisé par les plantes sous forme de molybdate MoO4(2-). Elles
ont un système de pompage efficace pour en récupérer de
faibles quantités, mais je ne connais pas le détail. Le molybdate
est incorporé dans un composé organique spécial contenant
aussi du soufre, et agissant comme le véritable catalyseur de la
réduction du nitrate (par une enzyme appelée nitrate
réductase). Mo sert aussi à faire marcher d'autres enzymes dans
la nature, il peut être remplacé parfois par ... du
tungstène. Il peut arriver que le molybdène du sol soit
déficient pour une raison quelconque, par exemple parce qu'il est
piégé et rendu indisponible par des éléments
organiques, ou encore parce que le système racinaire de pompage du Mo
est empoisonné par quelque chose de toxique. La carence en
molybdène existe et se traduit par des symptômes connus des
spécialistes, mais j'en ignore la nature. Et cela ne se produit pas
souvent.
Le molybdène est aussi indispensable à l'assimilation de l'azote
par les bactéries symbiotiques ou non. Rarement, il est remplacé
par du vanadium. Il faut aussi du fer et du soufre.
La précieuse réduction du nitrate par nos plantes est
empoisonnée par le chlorate (ClO4-), d'où la fonction herbicide.
Je vais sans doute faire plaisir à certains, le chlorate utilisé
pour nettoyer les allées ou talus est plus ou moins une saloperie, un
polluant capable de diffuser assez loin et de persister, parce que comme il est
d'efficacité très moyenne, il y a incitation à en
répandre beaucoup. Si vous utilisez du chlorate, méfiez vous
aussi : mélangé à sec à des composés
organiques, par exemple du sucre en poudre (!?), il peut devenir explosif (le
perchlorate encore pire). A éloigner des enfants, je voulais dire des
enfants que nous sommes quand on joue avec certains produits, c'est vrai ;-)
La SNCF a longtemps consommé d'énormes quantités de
chlorate pour désherber le ballast des voies (je ne sais pas ce qu'elle
utilise maintenant, peut-être de l'atrazine). Je l'ai appris autrefois en
visitant une usine de Pechiney.
Le chlorate est réduit à la place du nitrate pour donner des
intermédiaires hautement toxiques. La plante fabrique alors sa propre
eau de Javel et en crève. D'autre part le chlorate gêne la
catalase, une enzyme dont la plante à besoin pour se débarrasser
de l'eau oxygénée qu'elle produit normalement. En outre le
chlorate atteint les bactéries dé nitrifiantes, dont j'ai
parlé dans un autre post. Or ces bactéries sont
précieuses, car elles sont capables de dépolluer et de recycler
la matière organique du sol en absence d'air. C'est donc malencontreux.
Du coup je n'irai pas jusqu'à utiliser du chlorate, le produit ne me
paraît pas recommandable. Mais je me trompe peut-être, après
tout je n'en suis pas spécialiste.
En conclusion je voulais expliquer que les engrais de type NPK n'avaient pas
besoin de contenir du Mo en supplément, il y en a toujours assez (sauf
situations spécifiques).
Sa solubilité augmente avec le ph. Il fait partie de la nitrate réductase (réduction NO-/3) mais aussi de la nitrogénase (fixation N2)
si
alimentation en N nitrique ->
-accumulation de nitrate dans les feuilles
-brulures du feuillage
-diminution de la teneur en protéines dont il favorise la
synthèse
-chlorose
chez les crucifères, le limbe de la feuille se developpe mal
chez agrumes, ponctuations jaunes sur feuilles
choux,
épinard, laitue, betterave, luzerne, trèfle, tomate...
sols favorables à carence
ph acide (même riche en Mo!)
sols ferrugineux
le souffre augmente les risques en sols pauvres en Mo au contraire P en
favorise l'absorption Cu et Mn antagonistes de Mo (et réciproquement)
et même si les risques de toxicité dus au Mo sont faibles,
l'apport (intentionnel) de Mo est affaire de spécialiste!!! (surtout)
pas le vendeur du coin par ex! )
de toute façon comme il est dit dans la faq, " (...) En conclusion je
voulais expliquer que les engrais de type NPK n'avaient pas besoin de contenir
du Mo en supplément, il y en a toujours assez (sauf situations
spécifiques)." (oups! le copyright, euh droit de copie en
français dans le texte!)
au pire pour corriger une éventuelle (crainte de) carence, on pourra
tenter d'augmenter le cah (complexe argilo-humique) par l'apport d'humus et de
Ca (mais surtout pas en même temps: l'un au printemps et l'autre à
l'automne (1'an d'écart entre les 2 n'est pas plus mal),...et d'argile
pour les sols sableux (je sais pas si ça se fait...)
roses.guide@free.fr
Version : 1.278 Mise à jour : 14/07/2002